Doit-on vraiment boire autant de lait ?
Émission Isabelle Maréchal - 98,5 FM
Extrait du 20 mars 2013
Iabelle Maréchal (IM) : En première heure, on va parler de notre dépendance au lait. Vous savez que les Québécois font partie des plus grands consommateurs de lait au monde! On en consomme en moyenne 84 litres par an, chacun d’entre nous. Au fil des années, c’est vraiment devenu l’aliment préféré de bien des gens, mais un aliment aussi extrêmement controversé.
Y’en a pour qui par exemple, le lait de vache c’est pas adapté aux humains, ça serait plutôt adapté aux veaux. Parce que c’est vrai que pour les veaux, on dit que ça double leur poids en 50 jours. Mais pour les humains, on dit que ce sont les seuls mammifères qui boivent encore du lait à l’âge adulte. Il y a d’ailleurs 75% des gens sur la planète qui ne boivent pas de lait du tout!
Nous, on est assez particuliers ici. D’où ça vient? C’est vrai que la pub « un c’est bien, mais deux c’est mieux », pis pourquoi pas trois si ça vous tente, à la rigueur, ça a fini par nous rentrer dans le système et on a incorporé ça. Sans compter les berlingots qu’on met dans les écoles au Québec… Bref, il y a toute une campagne, un lobby, derrière l’industrie du lait et finalement, on est entré dans ce jeu... Peut-on appeler ça un jeu? Certainement du marketing alimentaire.
On va en parler avec deux invités. Élise Desaulniers est conférencière. Elle vient d’écrire un livre, qu’on vous présente ce matin : « Vache à lait, dix mythes de l’industrie laitière ». Vous remettez là-dedans toute notre consommation de lait en question.
Elise Desaulniers (ED) : Absolument. J’ébranle les mythes sur lesquels sont construits nos rapports au lait et, à constater l’état de mon compte Twitter ce matin, ça fait réagir.
IM : C’est à la suite d’une enquête de plusieurs mois que vous en êtes arrivée à nous poser certaines questions, parce que vous posez des questions dans votre livre.
ED : En fait, je me suis d’abord posé ces questions-là à moi. Ça m’a semblé évident de réduire ma consommation de viande, de devenir végétarienne. Et pour le lait, et particulièrement pour le fromage, là, c’était plus difficile, j’y étais particulièrement attachée. J’ai d’abord fait de la recherche pour me convaincre moi-même. Je me suis posé la question : « Est-ce que je dois ou pas boire du lait? » Ensuite, j’ai passé un an à rencontrer des gens, à faire des entrevues, à visiter des fermes, des encans, pour écrire ce livre.
IM : Et comme bien des Québécois, vous aussi, vous avez été élevée dans cette tradition de boire du lait! D’entrée de jeu, vous dites que votre mère vous disait en 1979 : « Élise, finis ton verre de lait avant de sortir de table! ».
ED : Oui, c’était important. Chez nous, on était trois et on buvait trois litres de lait par jour. Le laitier passait aux deux jours, puis on était fiers d’être les plus gros consommateurs de la rue. Et j’avais l’impression que le lait, on pouvait jamais en consommer trop. C’était bon au goût, c’était bon pour ma santé, j’allais avoir des super os. Qu’est-ce qu’on peut demander de plus? Ben, des fois, j’avais droit à de la crème glacée, puis du yogourt quand j’étais vraiment fine.
IM : Et il y a quelque chose dans le lait… c’est blanc, c’est l’image du blanc immaculé. Y’a quelque chose là-dedans qui frappe l’imagination.
ED : Ça me semblait être l’aliment parfait. Donc, c’est pour ça que quand j’ai commencé à lire, à réfléchir, à faire des entrevues sur le sujet, je suis tombée des nues. En fait, ce n’est pas du tout ce que je croyais être. Et je me suis dit : « Comment ça se fait qu’on ne m’a jamais dit ça avant? »
IM : Quels sont les 10 mythes dont vous parlez?
ED : Le plus important, c’est que : « Le lait, c’est naturel. C’est naturel de boire du lait. On en boit depuis toujours. Les vaches produisent du lait parce qu’elles sont heureuses. » C’est pas vrai, ça! « Le lait, c’est écolo. Ça prend du lait dans les écoles. Les enfants ont besoin de boire du lait. On ne pourrait pas se passer de fromage…» C’est que des mythes.
IM : Et ces mythes-là sont beaucoup nourris par l’industrie laitière, vous dites?
ED : Absolument. En fait, l’industrie laitière est un des plus gros annonceurs au Canada. On investit annuellement un milliard en publicité. Un milliard en publicité, on ne sait pas trop ce que ça vaut parce qu’on n’achète pas souvent de la publicité, vous et moi. C’est la moitié des dépenses de l’industrie des téléphones cellulaires. Les pubs de cellulaires, il y en a partout, là. La moitié de ça, c’est les pubs pour le lait. Et quand on prend toutes les pubs d’aliments (on va exclure l’alcool), le quart sont des pubs de produits laitiers. Et les fruits et légumes, qui devraient représenter la moitié de notre assiette, eux autres, c’est 6%.
IM : Incroyable. C’est pour ça qu’on s’est dit : « On va inviter une nutritionniste aussi, pour départager tout ça, parce qu’il y a quand même deux clans. Il y a ceux, comme Élise Desaulniers, qui disent : « Le lait, il faut faire attention… » Vous ne dites pas non plus de ne pas en boire, mais buvons avec éthique, sachons ce qu’on boit.
ED : En fait, ce que j’essaie de dire, c’est : on a le choix. On peut ne pas consommer de produits laitiers et être en parfaite santé. On peut se tourner vers d’autres sources de calcium, etc.
IM : Voilà. « Calcium », vous avez dit le mot. Souvent, la plupart des gens disent : « Moi, j’en bois parce que je ne veux pas avoir des carences en calcium. » Anne-Marie Roy est avec nous, la nutritionniste qu’on connaît bien. Vous aussi, vous pourriez écrire un livre sur les mythes reliés à l’aliment « lait ». Est-ce que c’est vrai qu’on dépend du lait pour le calcium?
Anne-Marie Roy (AMR) : On dépend du calcium, mais on ne dépend pas du lait. On a besoin effectivement de calcium pour avoir des bons os. Mais est-ce que le lait est le seul aliment ? Non. L’industrie du lait s’est approprié le calcium, mais on a oublié de dire finalement qu’il y a énormément d’autres sources de calcium disponibles. C’est un peu ça qu’on a tenté de nous faire croire, que si on ne boit pas de lait, nos os vont s’effriter et on va tomber par terre.
ED : Comme les petits bonhommes dans la pub, on va devenir mous. (rires)
IM : Et qu’on va souffrir d’ostéoporose entre autres, pour les femmes en particulier. Et ça, c’est pas vrai? Est-ce que ça a été documenté, ça?
AMR : Si on manque de calcium, on va souffrir d’ostéoporose, bien sûr. Mais il faut arrêter de penser que le lait est le seul nutriment pour les os. Le magnésium est important, le potassium, la vitamine K, la vitamine C… C’est un ensemble. Moi, j’aime bien choisir des aliments qui vont avoir toute la panoplie de nutriments essentiels pour les os. Je me préoccupe de la santé des gens en général, donc je me préoccupe de la santé osseuse, mais il faut regarder d’autres éléments importants en même temps. Parce que, on meurt de quoi au Québec? On meurt de cancer en premier et de maladies cardiaques. Donc, lorsqu’on choisit une source de calcium, il faut s’assurer aussi qu’en même temps, on va aussi nous protéger des cancers et des maladies cardiaques. Donc, il faut regarder le calcium dans son ensemble, choisir des sources de calcium qui vont être bénéfiques pour notre santé. La façon la plus idéale d’aller chercher son calcium, c’est dans plusieurs choux. Le chou kale par exemple. C’est un chou extraordinaire pour la santé, préventif au niveau cardiaque et du cancer.
IM : Ça, c’est nouveau, on commence à en voir surtout dans les épiceries d’aliments naturel. C’est vert foncé…
AMR : C’est l’aliment-vedette… C’est une feuille verte, très frisée. On appelle ça aussi le chou vert frisé. Les magasins d’aliments naturels, mais même les grandes chaînes commencent à en avoir aussi. Si on faisait de la pub pour le kale, les gens courraient aller s’en acheter! Si on savait tout ce qu’il y a dans le kale, si on avait autant d’argent à investir en publicité pour le kale, je vous dis qu’il n’en resterait plus dans les épiceries. Et les choux, comme le chou kale, le chou collard qui est encore moins connu ou par exemple le bok choy qui commence à être plus connu, c’est des sources de calcium exceptionnelles et, oui, il y en a peut-être un petit peu moins que dans le lait, mais sauf que l’absorption du calcium est le double. Donc, quand on les compare, si on considère l’absorption, on peut dire que c’est équivalent en terme de calcium.
IM : Là, vous parlez de la biodisponibilité. Expliquez ce concept aux gens. C’est un nouveau concept… Peut-être pas pour vous, mais pour les consommateurs.
AMR : On est ce qu’on absorbe, tu sais. C’est pas parce qu’on mange quelque chose que nécessairement on l’absorbe. Si on regarde par exemple le calcium du lait, il s’absorbe en général à 30%. Si on prend par exemple le brocoli, c’est 60% d’absorption. Finalement, le corps retient mieux le calcium des choux que celui du lait. Donc, il y a un peu moins de calcium dans ces végétaux, mais l’absorption est meilleure! Aussi, si on regarde les noix par exemple, les amandes en contiennent un peu, mais surtout la graine de sésame. Et ça, je trouve ça dommage, on ne prend pas assez de graines de sésame. Moi, je fais mes vinaigrettes avec ça, on en met partout. Des fois, je me fais une salade de kale avec une vinaigrette à base de tahini. Je ne suis pas du tout inquiète pour mes os et ensuite, je préviens les cancers et les maladies cardiaques.
IM : Si nos invités de la deuxième heure étaient là, ils vous diraient : « Vous n’êtes pas allergique! » Mais ça, c’est un autre problème.
AMR : La graine de sésame, il n’y a pas trop de problèmes avec ça.
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Un auditeur (Stéphane) qui se dit lui-même « alco-lait » boit 2 litres par jour.
AMR : Les produits laitiers, c’est quand même une source de gras saturé assez importante. Si on regarde le fromage par exemple, c’est 60% de gras saturé, c’est même plus élevé que le bœuf. Et c’est aussi une source de cholestérol, donc pour les artères, c’est pas génial. Là, monsieur prend 960 calories de produits laitiers dans sa journée. Ça veut dire qu’il y a d’autres aliments qui ne pourront pas être là. Ce qui est inquiétant aussi, c’est s’il prend autant de calories avec le lait, il y a des choses qu’il ne mangera pas.
IM : Avez-vous un petit embonpoint, Stéphane.
Stéphane : Bien oui, c’est sûr. Pis je te dirais que c’est pas la première fois que j’essaie d’arrêter, mais…
AMR : Et surtout des calories liquides! On boit, on n’a rien à mâcher, donc, c’est sûr que les calories rentrent de façon exceptionnelle. C’est beaucoup trop.
IM : Alco-lait… Justement Élise, vous parlez dans votre livre de toute l’ambiance qui entoure… Dans une des pubs par exemple, on voit une petite fille qui court avec son verre de lait vide, elle essaie d’attraper le pichet de lait, puis il y a 12 personnes autour de la table, c’est quasiment une image qu’on ne connaît pas, au Québec on a 1,2 enfant par famille, genre… Ces images-là, on les envie presque. On a envie d’être autour de cette table, de boire du lait avec du monde…
ED : Absolument. Ça touche les émotions les plus profondes. On rêve tous d’être dans une famille heureuse comme ça… (etc.) Si on n’a pas de lait, on a l’impression de se séparer, même, de la culture québécoise, d’être à part, de pas être dedans! Ce sont des pubs magnifiques, les pubs de lait. On ne dit pas ce qu’il y a de blanc dans le verre et moi, si c’est du lait de riz ou d’amande, mes artères en sont plus heureuses et je n’exploite pas les animaux. C’est un peu plus écolo aussi.
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Une auditrice (Régine) ne boit plus de lait. Elle a arrêté après avoir consulté un naturopathe parce qu’elle était fatiguée, qu’elle ne se sentait pas bien. Et on a retiré les produits laitiers juste pour voir et puis, effectivement, elle s’est retrouvée avec une plus grande énergie. Elle a pris des jus de chou à l’extracteur, du natto (soya fermenté) aussi qui est très riche en calcium.
AMR : Oui, comme source de calcium, dans les légumineuses, je dirais le haricot blanc et le soya. Les fèves de soya fraîches, les vertes… Ben, le soya, de façon générale, est quand même riche en calcium, et tous les sous-produits, si on regarde les boissons de soya par exemple qui contiennent autant de calcium qu’un verre de lait. Le tofu, s’il a été coagulé avec du calcium, c’est des sources exceptionnelles de calcium aussi.
IM : Il y a bien des gens qui nous écoutent qui vont dire : « Ouais, le tofu, le soya, même le chou kale, d’où ça vient? Si on veut manger local, ce qui est une autre tendance en alimentation. Est-ce que ça vient pas tout de la Chine ou des pays asiatiques? Élise Desaulniers, vous parliez d’écologie… Alors que le lait, c’est nos vaches!
ED : Le Québec est un des plus gros producteurs de soya au monde. On en produit surtout pour nourrir les animaux, mais on produit aussi des excellents tofus québécois. Il y a des marques québécoises, sans OGM en plus, biologiques. Puis on les trouve partout. Et faire ses jus, des trucs comme ça, ça a l’air compliqué, mais moi, je fais pas ça du tout, je suis assez paresseuse en cuisine et je réussis à avoir une alimentation sans produits laitiers quand même. J’ai visité les Serres Lefort, sur la Rive-Sud de Montréal. C’est dirigé par une jeune femme de 22 ans. Et là, on produit des feuilles de moutarde, du chou vert frisé, tout ça… Ils ont 150 serres, je crois, dont plusieurs biologiques, et ils commencent à vendre leurs produits partout, ils sont dans des paniers biologiques déjà, il vendent leurs produits dans les marchés Avril. On a de plus en plus de ces entreprises-là au Québec qui produisent des bons produits pour nous, chez nous. Et la production en serre, j’avais tendance à penser que c’était pas écolo, mais là, c’est chauffé avec de la biomasse, ils ont des subventions de conservation d’énergie et tout ça. C’est vraiment super intéressant comme produit et je pense que ça va se développer de plus en plus dans les prochaines années. Du chou kale, en serre, ça pousse 12 mois par année.
AMR : Et on peut le conserver. On en cultiver beaucoup l’été et après, on en fait des chips. Des chips de kale. On peut le congeler, le déshydrater…
IM : Les algues, est-ce qu’il y a du calcium là-dedans?
AMR : Oui, sauf qu’on ne mange pas beaucoup d’algues.
IM : Parce que dans les lunchs, de plus en plus, on suggère ça, et c’est très bon. Vous parliez des chips de kale, ça ressemble un peu.
AMR : Effectivement. On doit manger un petit peu d’algue pour aller chercher de l’iode entre autres. Et ça, c’est un gros manque. Les gens se sont mis à faire des smoothies de kale et souvent, il manque de l’iode dans l’alimentation des Nord-Américains, surtout les Québecois. Le sel blanc était une source d’iode ; on l’a retirée. Les produits laitiers sont une source d’iode aussi parce que l’industrie laitière utilise de l’iode entre autres pour désinfecter.
IM : Ils en ajoutent donc?
AMR : Oui, c’est un désinfectant. Tu en parles dans ton livre, hein? Donc, c’est sûr que quand on enlève le sel blanc et les produits laitiers et qu’on se met à manger du kale, parce que le kale augmente un peu nos besoins en iode, là, on peut se ramasser en carence d’iode. Alors, les algues pour compenser.
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Denise n’a jamais bu de lait de sa vie. Elle a 80 ans. Elle n’a jamais aimé le goût. Mais elle a mangé du chou et des légumes « en masse! ». A eu quatre enfants qui ont mangé beaucoup de légumes. Sa mère prenait des feuilles de chou et faisait des petits rouleaux avec du jambon ou toutes sortes de choses, au lieu des sandwichs.
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Marie : Moi, j’ai un ami qui a 66 ans et qui vient de découvrir qu’il fait du cholestérol. Il boit au moins un litre de lait écrémé par un ou deux jours. Là, j’essaie de le convaincre de boire du lait de soya, mais il n’y a rien à faire. Mais il a des problèmes de digestion, de l’embonpoint, il commence à faire un peu de pression. Est-ce qu’il existe un standard en fonction de l’âge et du poids par exemple, de la consommation de lait qu’on devrait prendre? Ou on doit complètement cesser et ne boire que tu lait de soya, ou d’amande, etc…
AMR : Le standard, c’est la consommation de calcium. Peu important les sources de calcium qu’on prend, l’important, c’est d’avoir un minimum de 600 mg de calcium, idéalement entre 600 et 1000 mg par jour. Et c’est sûr que quelqu’un qui élimine complètement les produits laitiers peut se ramasser avec des carences en calcium. Moi, je dis pas : « enlevez les produits laitiers », c’est vraiment : « ayez vos sources de calcium dans votre alimentation ».
IM : Mais vous deux, Élise, Anne-Marie, vous n’en buvez pas de lait?
AMR : Moi, je ne prends pas de produits laitiers, mais j’ai une quantité de calcium impressionnante dans mon alimentation parce que je connais les sources. Mais le problème, c’est que les gens ne les connaissent pas. Le kale, les graines de sésame, le soya, ne font pas partie des habitudes alimentaires des québécois. Alors, si les gens arrêtent de prendre des produits laitiers, ils se retrouvent fort possiblement en carence de calcium et ça, il faut quand même avertir les gens.
ED : Moi, ce que je dis souvent, c’est : « arrêtez pas de consommer des produits laitiers tout d’un coup, demain matin, intégrer des nouvelles sources de calcium dans votre alimentation et allez-y graduellement, découvrez des recettes… » Et à un moment donné, ça devient naturel. Mais il faut avoir appris à aimer ces nouveaux produits-là. Ça prend du temps. Il faut faire un changement graduel. J’ai une question pour vous, Anne-Marie. On dit 600 mg de calcium par jour. Il n’y a pas d’étiquettes nutritionnelles sur un paquet de kale. C’est combien de kale, ça?
AMR : Comme je le disais plutôt, la quantité de calcium a été calculé en fonction de 30% d’absorption. Si on prend une tasse de kale, comparativement à une tasse de lait, on va revenir à peu près équivalent.
ED : Donc, pour les auditeurs, si on leur dit de consommer une tasse de kale par jour…
AMR : Oui, kale, bok choy… Les graines de sésame, c’est ¼ de tasse. Les légumineuses, haricots blancs : 1 tasse.
IM : Mais ça, c’est une règle de base. On devrait manger beaucoup plus de légumes qu’on le fait.
ED : Ah oui, et pas juste pour le calcium.
AMR : Pour prévenir les cancers aussi.
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Daniel s’ennuie de la belle époque où on buvait du lait et on n’avait pas de remords. « Moi, je soupçonne vos deux invitées… si elles n’aiment pas le lait, c’est facile à tasser dans ce temps-là. » Il s’ennuie du temps où ils allaient à la ferme et revenaient avec une cruche de lait et la portion de crème sur le dessus. « Ça, c’était du lait! Aujourd’hui, on boit de l’eau. Ce que j’ai de la misère à comprendre, c’est que mes oncles, mes grands-parents, c’était solide comme du roc. C’était pas plus malade que nous autres, peut-être même moins malade que nous autres aujourd’hui, puis ils buvaient ça ce lait-là… »
IM : Je vous réfère au livre de Élise Desaulniers parce qu’il y a beaucoup de choses qui y sont dites, entre autres sur la vitamine D qui se trouve dans le lait, mais qui en fait ne se trouve pas dans le lait, mais qu’on rajoute après.
ED : Et il n’y en a pas dans le fromage. On n’en rajoute pas. Et cette vitamine D est essentielle à l’absorption du calcium.
IM : Et vous dites justement que le lait qu’on boit aujourd’hui, ce n’est plus le lait qu’on buvait avant. Et vous parlez du lait qui contient des hormones et moi, il y a une statistique qui m’a fait sauter, c’est qu’aujourd’hui, on boit du lait qui provient à 80% de vaches enceintes.
ED : C’est une question de productivité. À l’état naturel, une vache, ça donne naissance à un veau, ça allaite son veau et après ça, le veau est sevré et elle retombe enceinte. Mais là, la vache est constamment enceinte pour produire du lait tout le temps. Donc, les vaches qui produisent du lait sont enceintes et on retrouve des hormones naturelles de grossesse dans le lait, donc de l’œstrogène, de la progestérone. Et ça, c’est lié à des cancers qu’on dit des cancers hormono-dépendants. Là-dessus, il n’y a pas de consensus dans les études, mais j’ai vu plein…
IM : Mais ça, c’est inquiétant! Moi, je ne veux pas boire du lait de vache enceinte.
ED : Mais c’est ça qu’on retrouve en épicerie. C’est pas écrit sur le carton de lait si ça contient des hormones de vache enceinte ou pas.
IM : Wow! Anne-Marie Roy, là-dessus? (Anne-Marie rit) ... Délicat sujet?
AMR : Oui. Dans le fond, il faut se reposer la question : « Le lait est fait pour quoi? » Et Élise l’a très bien dit dans le fond.
ED : La vache produit naturellement du lait, pas pour nous, pour son veau! Et ce qu’on fait, c’est qu’on sépare le veau de sa mère à la naissance pour mettre la vache sur la trayeuse et le veau, lui, ne boira jamais le lait de sa mère. Et c’est pas fait pour ça. La vache produit du lait pour son petit, comme tous les autres mammifères.
IM : Incroyable…
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Éric a arrêté de consommer du lait dans sa jeune adolescence. Il souffrait de rhume des foins à chaque année et sa mère lui a dit d’essayer d’arrêter le lait et ç’a été fantastique, l’année même, je n’ai pas eu de symptômes. Alors, pour moi, c’était une des causes de mes allergies.
IM : Vous savez, on le dit aussi beaucoup pour les gens qui ont des problèmes d’asthme, des problèmes de maux de tête… enfin, plein de problèmes de santé.
AMR : D’acné.
Éric : Je ne sais pas si vous en parlez dans votre livre, mais si on regarde les statistiques des pays qui consomment le plus de lait, ce sont les pays où il y a le plus d’ostéoporose aussi. C’est un gros mythe de croire que le lait prévient l’ostéoporose! En fait, c’est l’inverse, le lait, une fois qu’il est consommé, les produits laitiers, ça devient acide dans le corps et pour se défendre, le corps va relâcher du calcium des os.
AMR : Non, c’est pas vrai, ça.
IM : Anne-Marie Roy et Élise ne sont pas tout à fait d’accord avec vous là-dessus.
AMR : Il y a toutes sortes de mythes qui circulent, même dans le clan anti-lait. Il y en a qui sortent toutes sortes d’affaires, là. L’histoire que plus on boit de lait, plus on perd du calcium, c’est totalement faux. Souvent, on dit que l’excédent de protéines fait perdre du calcium dans l’urine. C’est que quand on mange plus de protéines, on absorbe mieux notre calcium, donc il y a un excédent qui s’en va dans l’urine. Il y a des mythes dans les deux clans, on pourrait dire.
ED : Mais ce qui est vrai, c’est qu’il ne suffit pas de boire du lait pour avoir des os en bonne santé. La santé osseuse est liée aussi au mode de vie…
AMR : L’activité physique! Avoir suffisamment de calcium et pas juste le calcium, aussi le magnésium, le potassium, la vitamine K… il y a beaucoup de co-facteurs qu’on doit avoir aussi. Mais l’exercice est à peu près l’élément le plus important. Dans les pays asiatiques, ce qui fait qu’ils ont moins de fractures, c’est qu’ils sont plus souples, ils tombent moins. Les personnes âgées, il y a toujours quelqu’un qui les tient. Il y a toute une question de philosophie autour de ça. Donc, l’exercice, la souplesse et le fait d’être agile réduit le nombre de cas de fractures.
IM : Il y a moins de glace aussi et moins de trous dans la rue!
AMR : Il faut faire attention de dire plus on boit de lait, plus on fait de l’ostéoporose. Moi, je ne suis pas du tout d’accord avec ça.
* * *
Valérie veut savoir. Vaut-il mieux du lait de vache ou du lait de soya? Concernant les OGM et l’œstrogène.
AMR : La plupart du soya, comme disait Élise tantôt, qui est produit sur la planète, va pour les animaux, et ça, c’est du soya modifié génétiquement. Mais nous, celui qu’on retrouve, biologique, dans les épiceries, n’est pas modifié génétiquement. Donc, assurez-vous que le soya que vous consommez est biologique ou que ce soit écrit : provenance de soya non modifié génétiquement.
IM : Mais les OGM ne sont pas étiquetés au Québec, là.
ED : La très, très grande majorité des produits de soya qu’on trouve pour consommation humaine sont biologiques. Donc biologique, pas d’OGM, et certification.
AMR : Et en passant, les phytoestrogènes qu’il y a dans le soya, ce sont des oestrogènes extrêmement faibles et qui ont l’effet inverse des vrais oestrogènes, donc, ils préviennent le cancer. Ils ne le donnent pas.
IM : Donc, on retient : plus de soya, moins de lait. Si on avait des mots-clés à retenir ce matin. Vous vouliez parler aussi, Anne-Marie, d’une conférence qui va avoir lieu le 21 avril, du Dr Michael Greger.
AMR : Oui, qui est mon mentor. C’est un psychopathe de l’alimentation. :) Il lit tout! Il y a 4000 à 5000 études scientifiques qui paraissent sur la nutrition à chaque année. Il les lit toutes et il vient nous faire un résumé de ces études-là. C’est vraiment génial.
IM : Donc, lui aussi va détruire des mythes.
AMR : Ah oui, énormément. Et il explique comment, par la nutrition, on peut prévenir 14 des 15 premières causes de mortalité. Alors, il faut absolument venir à cette conférence-là. C’est le meilleur conférencier au monde, selon moi. Alors, le 21 avril (2013), à l’UQAM. On a réservé une immense salle. Il faut que tout le monde vienne. C’est la meilleure conférence à venir sur la nutrition présentement, cette année. Et vous vous inscrivez sur le site de Vegemontreal.org.
IM : Et vous avez une clinique renversante!
AMR : Moi, c’est une clinique de 12 semaines. On prend des gens en petits groupes et on les éduque au niveau de l’alimentation, on leur donne des cours de cuisine, on les amène à l’épicerie. On est une équipe : une infirmière qui fait des bilans sanguins au début, à la fin. Et après 12 semaines, les gens sont complètement transformés.
IM : En faites-vous des végétaliens?
AMR : Oui, on veut des résultants renversants, donc, j’ai des objectifs renversants pour arriver à des résultats.
IM : Toutes les deux, vous allez être à l’Expo Manger Santé à Québec.*
AMR : La fin de semaine prochaine.
IM : Il y a eu près de 18,000 personnes à Montréal la fin de semaine passée. Là, ça déménage à Québec. Vous y serez…
ED : Samedi 12h45, je fais une conférence sur « Vache à lait » et je suis au kiosque de l’Association végétarienne de l’université Laval. Donc, les gens qui ont des questions, qui veulent discuter, je suis là tout le week-end.
IM : Végétalien, c’est juste des légumes puis des fruits, puis des amandes ? Pas de lait, pas de poisson, pas de viande?
ED : Mais c’est fou la diversité de ce qu’on peut manger dans une semaine.
IM : Qu’est-ce que vous mangez ce soir?
ED : Ce soir, c’est le lancement de mon livre. Donc, il y a 2 chefs végétaliens qui font des bouchées. Je sais pas encore ce qu’ils ont préparé. Mais il y a Mariève Savaria qui donne plein de recettes sur son blogue d’ailleurs… (etc.)
* Expo Manger Santé et Vivre Vert 2013, les 23 et 24 mars, au Centre des congrès de Québec
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Pour plus d'information sur le livre d'Élise Desaulniers : "Vache à lait, dix mythes de l'industrie laitière" : cliquez ici